La réputation du secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) s’est ternie au cours de ces vingt dernières années dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que cette activité représente une source de revenus essentielle pour de nombreuses communautés rurales. Cette situation s’explique en partie par les difficultés que rencontre le gouvernement de la RDC dans sa lutte contre la corruption, les activités criminelles, le financement des conflits, la fraude, et la contrebande dans le secteur de l’EMAPE.
L’International Peace Information Service (IPIS) investit dans des recherches qualitatives sur l’EMAPE en tant qu’effort de soutien aux chaînes d’approvisionnement responsable de l’EMAPE qui promeuvent la paix et la stabilité et contribuent au développement rural. Depuis 2009, IPIS a cartographié plus de 2 800 sites miniers artisanaux et à petite échelle dans l’est de la RDC et recueilli des données primaires sur l’ingérence des groupes armés, les types de minerais, le prix des minerais, le profil démographique des travailleurs, les routes commerciales, les problèmes environnementaux, etc.
En 2021, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a renouvelé son partenariat avec IPIS par le biais de son projet Integrated Land and Resource Governance (ILRG) dont l’objectif est de mener des recherches approfondies sur l’EMAPE dans l’est de la RDC et d’étudier ses liens avec l’insécurité
et le développement. Entre 2021 et 2023, IPIS a recueilli des informations sur 829 sites miniers actifs employant environ 132 320 mineurs au total. Les données collectées par IPIS révèlent que l’or est de loin le principal minerai « artisanal » extrait dans l’est de la RDC (85 % des mineurs sont employés dans des mines aurifères), suivi des « 3T », à savoir l’étain (cassitérite), le tantale (coltan), et le tungstène (wolframite).
Ce rapport est la conclusion et l’aboutissement de deux années de recherche. Il présente une analyse actuelle des liens entre l’exploitation minière et les conflits (et l’insécurité de manière plus générale) dans l’est de la RDC. Il examine en outre les raisons pour lesquelles la réforme du secteur minier, y compris les initiatives en matière d’approvisionnement responsable, n’a eu qu’une incidence limitée sur l’amélioration de la sécurité et la promotion du développement durable.
Le chapitre « Ingérence d’acteurs armés dans l’exploitation minière » explore les liens directs qui ont pu être établis entre l’exploitation minière et le conflit dans l’est de la RDC. Il analyse le niveau d’interférence actuel des Forces Armées de la RDC (FARDC) et les groupes armés (non étatiques) dans ce secteur. Le chapitre suivant, intitulé « L’insécurité dans le secteur de l’exploitation minière, au-delà des minerais de conflit » élargit cependant la focale et examine comment des formes de violence plus structurelles (telles que les inégalités socio-économiques ou l’omniprésence d’anciens rebelles) sont à l’origine de tensions et de conflits qui ne sont pas directement liés au financement des groupes armés. Ces problématiques méritent une attention égale car elles sont porteuses d’importants risques sécuritaires à long terme.